08 enero 2016

Bonne année mon cul

Les Analectes de Campos y Ruedos  #45

08 janvier 2015

---

Bonne année mon cul

Comme chaque année depuis 2006, l'équipe de Campos y Ruedos souhaite la nouvelle année grâce à ce texte génial de Pierre Desproges. Nous n'avons trouvé aucune raison pour changer cette année encore et puis nous partageons entièrement ces lignes au sujet du titre de son texte, " c'est net, c'est sobre, et ça vole suffisamment bas pour que les grossiers trouvent ça vulgaire".

« Il était temps que janvier fît place à février. Janvier est de très loin le plus saumâtre, le plus grumeleux, le moins pétillant de l’année. Les plus sous-doués d’entre vous auront remarqué que janvier débute le premier. Je veux dire que ce n’est pas moi qui ai commencé. Et qu’est-ce que le premier janvier, sinon le jour honni entre tous où des brassées d’imbéciles joviaux se jettent sur leur téléphone pour vous rappeler l’inexorable progression de votre compte à rebours avant le départ vers le Père-Lachaise…
« Dieu merci, cet hiver, afin de m’épargner au maximum les assauts grotesques de ces enthousiasmes hypocrites, j’ai modifié légèrement le message de mon répondeur téléphonique. Au lieu de “Bonjour à tous”, j’ai mis “Bonne année mon cul”. C’est net, c’est sobre, et ça vole suffisamment bas pour que les grossiers trouvent ça vulgaire. Plus encore que les quarante-cinq précédents mois de janvier que j’ai eu le malheur de traverser par la faute de ma mère, celui-ci est à marquer d’une pierre noire. Je n’en retiens pour ma part que les glauques et mornes soubresauts de l’actualité dont il fut parsemé. C’est un avocat très mûr qui tombe, sa veuve qui descend de son petit cheval pour monter sur ses grands chevaux.
« La gauche est dans un cul-de-sac. Madame Villemin est dans l’impasse, tandis que, de bitume en bitume, les graphologues de l’affaire qui ne dessoûlent plus continuent à jouer à Pince-mi et Grégory sont dans un bateau. Côté bouillon de culture, Francis Huster attrape le Cid avec Jean Marais. Au Progrès de Lyon, le spécialiste des chiens écrasés et le responsable des chats noyés, apprenant qu’Hersant rachète le journal, se dominent pour ne pas faire grève.
« Le 15, premier coup dur, Balavoine est mort. Le 16, deuxième coup dur, Chantal Goya est toujours vivante. L’Espagne — fallait-il qu’elle fût myope — reconnaît Israël. Le 19, on croit apercevoir mère Teresa chez Régine : c’était Bardot sous sa mantille en peau de phoque… Le 23, il fait 9 °C à Massy-Palaiseau. On n’avait pas vu ça, un 23 janvier, depuis 1936. Et je pose la question : qu’est-ce que ça peut foutre ? Le 26, sur TF1, le roi des Enfoirés dégouline de charité chrétienne dans une entreprise de restauration cardiaque pour nouveaux pauvres : heureusement, j’ai mon Alka-Seltzer.
« Le 27, l’un des trois légionnaires assassins du Paris – Vintimille essaie timidement de se suicider dans sa cellule. Ses jours ne sont pas en danger. Je n’en dirais pas autant de ses nuits. Le 29, feu d’artifice tragique à Cap-Kennedy. Bilan : 380 tonnes d’hydrogène et d’oxygène liquides bêtement gachées. Et le soir du 31, comme tous les soirs, Joëlle Kauffmann embrasse ses deux garçons. Et elle entre dans sa chambre. Elle est toute seule. Elle ne dort pas très bien.
« Enfin voici février. Sec comme un coup de trique et glacé comme un marron. Avec son Mardi gras qui nous court sur la crêpe. C’est le mois de saint Blaise, qui rit dans son ascèse, et de sainte Véronique, qui pleure dans les tuniques. C’est aussi le temps du carême, où les maigres chrétiens d’Éthiopie peuvent enfin jeûner la tête haute pour la seule gloire de Dieu. Les statistiques sont irréfutables : c’est en février que les hommes s’entre-tuent le moins dans le monde ; moins de tueries guerrières, moins de rixes crapuleuses, moins d’agressions nocturnes dans les rues sombres du XVIIIe, où l’insécurité est telle habituellement que les Arabes n’osent même plus sortir le soir. Jusqu’au nombre des cambriolages qui diminue de 6 % en février.
« Et tout ça, pourquoi ? Après les enquêtes scientifiques les plus poussées, les sociologues sont parvenus à cette incroyable conclusion : si les hommes font moins de conneries en février, c’est parce qu’ils n’ont que 28 jours. Quant au mois de mars, je le dis sans aucune arrière-pensée politique, ça m’étonnerait qu’il passe l’hiver. » — Pierre Desproges, février 1986.

La semaine de Campos y Ruedos

Pradet haciendo el paseíllo en Madrid

Pradet haciendo el paseíllo en Madrid

A défaut de le rémunérer, Taurodelta reconnait le talent de notre ami Jérôme Pradet. L'empresa a usé et abusé des illustrations du fier Dacquois la saison dernière pour ses programmes, y compris pour une corrida de Adolfo Martín en juin dernier. Olé Jérôme (quand même) !
---
Feliz Xmas !

Feliz Xmas !

Avec plus de 60 ans et quelques jours de retard, Marilyn Monroe vous souhaite un "Feliz Xmas" et rappelle à tous pour l'année à venir l'importance de la caste, du sublime et du second degré dans nos médiocres existences. En octobre dernier, une série de photos inédites de Marilyn par Earl Moran était rendue publique par un collectionneur. Quelques-unes dans …

Des toros sans la tête

Des toros sans la tête ou une nouvelle série de textes dont les prétextes sont le campo (mais pas que) et des photographies ratées ou moins connues ou décalées (mais pas que). Le rythme de parution sera évidemment et comme toujours aléatoire, faudrait pas exagérer non plus, il y a la vie d'abord.
Des toros sans la tête

Des toros sans la tête

En guise de préliminaire pour une série qui peut-être verra le jour... ou pas. Il faut le savoir : il pleut souvent sur le Campo Charro. L’hiver peut y être très rude et très blanc et peser lourd sur les milliers de chênes verts qui en ont vu d’autres. Mais c’était le printemps et flottait une bruine grisâtre, comme un rideau voilé, ce …
---
Des toros sans la tête (II)

Des toros sans la tête (II)

Personne ne branche la radio. Les silences sont de vrais silences ; rares, mais vrais, ce qui n'est pas une mince affaire de nos jours. La musique ne serait pourtant pas incongrue. Le défilement épouse bien ses courbes et ses cassures. Chaque heure de la route aurait son propre style. À la nuit pleine et rythmée par les lignes blanches qui …

Fourquet

Jean-Louis Fourquet, Céret 1994 © François Bruschet / Camposyruedos

Fourquet

«… Parce que les seules gens qui existent pour moi sont les déments, ceux qui ont la démence de vivre, la démence de discourir, la démence d’être sauvés, qui veulent jouir de tout en un seul instant, ceux qui ne savent pas bâiller ni sortir un lieu commun mais qui brûlent, brûlent, pareils aux fabuleux feux jaunes des chandelles romaines …

www.camposyruedos.com
contact@camposyruedos.com
camposruedos@gmail.com

No hay comentarios: